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Un projet de barrage sur le dernier tronçon en eau libre du Rhône soulève une vive contestation

Au cas où le message n’aurait pas été assez clair, les membres du collectif Stop Barrage l’ont brandi sur des affichettes. Une « gabegie financière » et un « massacre environnemental » en perspective : voilà comment ces riverains voient le projet de barrage hydroélectrique Rhônergia, prévu sur le dernier tronçon encore en eau libre du Rhône, côté français, quelque vingt-six kilomètres à travers quinze communes de l’Ain ou de l’Isère.
Et voilà pourquoi ils demandent à l’Etat, autorité concédante, ainsi qu’à la Compagnie nationale du Rhône (CNR), concessionnaire de ce fleuve déjà très artificialisé, de renoncer à la poursuite d’études sur le projet et donc à tout éventuel chantier.
Les opposants n’ont pas manqué une occasion de se faire entendre, en trois mois de concertation préalable. Y compris mardi 27 février au soir, pour la réunion de synthèse, dans la salle municipale de Pont-de-Chéruy (Isère). En demi-cercle, sous une sorte de boule à facettes, quelque 250 sièges ont vite trouvé preneurs.
Comme la loi le prévoit, la CNR a organisé cette concertation sous la supervision de la Commission nationale du débat public (CNDP). Soit cinq soirées de réunions publiques, mais aussi des rencontres sur les marchés, dans un centre commercial. Difficile à quantifier, le mouvement anti-barrage n’en est pas moins audible, bien assez pour rappeler que tout nouveau chantier énergétique court le risque de la contestation.
Joël Allou a un badge bleu sur sa veste sans manches, celui de la Ligue pour la protection des oiseaux. Le porte-parole est venu de l’Ain avec une loutre en peluche. « Pensez-vous sincèrement que ce dernier corridor de vie mérite les pelleteuses, les excavatrices, les tronçonneuses, le béton, la destruction ? », demande-t-il à la CNR, sous forme de question rhétorique, micro dans une main, feuille dans l’autre.
Murielle Gentaz préside Lo Parvi, association environnementale du Nord-Isère. Elle en appelle à « la sauvegarde de la biodiversité », mettant en garde contre « un déni de citoyenneté dans l’exercice du pouvoir régalien ». Amine Kebaïli, lycéen de 15 ans, rajeunit l’assistance. « Ma génération et les générations à venir ont tout aussi droit que les générations précédentes à un espace naturel encore préservé », fait-il valoir.
Applaudissements de la salle, comme à chaque prise de parole des riverains. Lui réside à Saint-Romain-de-Jalionas. Sa commune, en Isère, et celle de Loyettes, dans l’Ain, un peu plus de 3 000 habitants chacune, sont les plus concernées. L’usine hydroélectrique, ouvrage principal, est prévue dans leur périmètre.
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